LES GRANDS ORCHESTRES
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CARLOS DI SARLI
- 1903 - LA NAISSANCE DE CARLOS DI SARLI
- 1927 - LA RENCONTRE AVEC OSVALDO FRESEDO
- 1928 - LES PREMIERS ENREGISTREMENTS DE CARLOS DI SARLI
- 1939 - DI SARLI ET L'AGE D'OR DU TANGO
- 1942 - UN STYLE MELODIQUE
- 1944 - DI SARLI ET JORGE DURAN
- 1951 - LE RETOUR DE CARLOS DI SARLI
- 1956 - QUELQUES CHANGEMENTS
- 1958 - LES DERNIERS ENREGISTREMENTS DE DI SARLI
- ANALYSE DU STYLE DE CARLOS DI SARLI
- RECONNAITRE DI SARLI EN MILONGA
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1903 - LA NAISSANCE DE CARLOS DI SARLI
Le 7 Janvier 1903 à Bahía Blanca, naît Cayetano, un futur prodige du Tango. Probablement influencé par ses frères musiciens, il se découvre une vocation pour la musique et plus particulièrement le piano. Chopin, Liszt, Debussy… autant de génies qu’il étudie pendant des années …jusqu’à ce qu’il entende un Tango. Avec le temps, il se fait appeler Carlos, le prénom que nous connaissons tous aujourd’hui. A 20 ans, il accompagne son frère Nicolas à Buenos Aires, avec dans sa valise quelques rêves, beaucoup d’espoir, et une composition de 1919 : le tango Meditación. Qui aurait cru qu’il serait enregistré 3 ans plus tard par Maglio, Canaro, Fresedo ?
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1927 - LA RENCONTRE AVEC OSVALDO FRESEDO
1927, Carlos rencontre Fresedo qui l’intègre dans son orchestre ; une chance pour le futur maestro ! Osvaldo Fresedo, déjà célèbre, dirige plusieurs formations. Il introduit le Tango dans les soirées chics avec son style « propre », délicat et mélodique, autant de caractéristiques qui influencent Di Sarli. L’intervention de Carlos dure 2 mois au Fénix et nos deux maestros se lient d’amitié, comme en témoigne le célèbre Tango Milonguero Viejo, composition de Di Sarli sous-titrée « Fresedo ». A l’issue de cette collaboration, Di Sarli crée son propre sextet.
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1928 - LES PREMIERS ENREGISTREMENTS DE CARLOS DI SARLI
En 1928, il enregistre ses premiers tangos pour le label RCA Victor : T.B.C et La guitarrita. Le succès rencontré permet à ce sextet d’enregistrer jusqu’en 1931 et de multiplier les représentations au Folies Bergere, au Fenix, au théâtre Astral… Des chanteurs s’ajoutent : Roberto Deirene serait le 1er à avoir enregistré avec Di Sarli (Sos una Fiera - 1929), puis Santiago Devincenzi, Fernando Diaz et Ernesto Famá. En 1934, Di Sarli quitte la capitale tandis que son sextet continue de tourner sous le nom de « Sexteto Di Sarli », puis « Orquesta Típica Novel ». A son retour en 1936, il reprend la tête de l’orchestre sans laisser d’enregistrement de cette période.
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1939 - DI SARLI ET L'AGE D'OR DU TANGO
1939, l’Age d’Or du Tango ne pouvait se passer de Carlos Di Sarli !
Le tango est à la mode ; D’Arienzo a fait revenir les danseurs sur la piste. Di Sarli quant à lui débarque sur LR1 Radio El Mundo et au cabaret Moulin Rouge ; c’est le succès ! Le label RCA Victor le signe de nouveau ; après 8 années d’absence il retrouve les studios d’enregistrement avec une véritable formation typique constituée de 3 violons, 3 bandonéons, contrebasse et piano. Malgré un tempo accéléré - à la mode de cette époque - son style se défini clairement : mélodie, sonorité, accents, sans oublier le chant de Roberto Rufino… C’est durant cette période que vous trouverez ses tangos les plus rythmés, et la différence est d’autant plus notable que le style disarlien est normalement lent. Nous démarrons donc bien milonguero avec Rufino au chant dans Corazón (1939), En un beso la vida, Lo pasao pasó (1940), entre autres excellents instrumentaux.
Deux années de succès au Marabú et Radio El Mundo, et ça ne fait que commencer... Après le passage des chanteurs Rodriguez Lesende et Agustin Volpe, Carlos Acuña nous laisse un tango magnifique : Cuando el amor muere (août 1941), transition parfaite vers le véritable style du maître.
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1942 - UN STYLE MELODIQUE
1941/1942, Di Sarli ralentit le tempo, les représentations s’ajoutent aux enregistrements pour RCA Victor, tandis qu’Alberto Podestá rejoint l’orchestre. Son tango s’étire et laisse place à l’émotion.
Si le succès d’El Rey Del Compás à bousculé le style des orchestres à la fin des années 30, El Señor del Tango apporte une dimension plus mélodique.
Les accents - garants du style milonguéro - restent présents, mais les phrases mélodiques prédominent dans Junto a tu corazón, Nido gaucho (1ère période Di Sarli-Podestá - 1942), La capilla blanca, Tú, el cielo y tú (2ème période - 1944).
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1944 - DI SARLI ET JORGE DURAN
En 1944, Di Sarli découvre la voix grave et chaleureuse de Jorge Durán qui s’adapte parfaitement au style de l’orchestre, de plus en plus précis, élaboré, et mélancolique : Que no sepan las estrellas, Vieja luna, Tu íntimo secreto (1945), trois tangos évoquant l’amour, la mer et la lune. Par ailleurs, deux ans plus tôt, Rufino enregistrait une interprétation inoubliable d’Esta Noche de Luna : “Si un beso te doy, pecado no ha de ser, culpable es la noche, que incita querer”. Après le départ de Durán, Podestá revient et enregistre 6 thèmes (1947), suivi de Oscar Serpa en 1948, avant que la terrible nouvelle ne tombe : Carlos Di Sarli se retire !
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1951 - LE RETOUR DE CARLOS DI SARLI
« Bienvenida a Carlos Di Sarli », émission de Radio El Mundo en mars 1951. La ferveur du public est à son comble quand - après 2 ans et demi de repos - El Señor del Tango revient au piano avec un grand orchestre composé de 6 violons et 5 bandonéons. Au chant, Oscar Serpa et Mario Pomar (rebaptisé par Di Sarli). El Señor del Tango est le 1er en Argentine à bénéficier (avec le label Music Hall) des nouvelles techniques d’enregistrement, sur bandes et en LP 33 tours. Le résultat en termes de qualité audio n’est pas encore optimum ; il y a une nette amélioration à partir de 1954 chez RCA Victor.
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1956 - QUELQUES CHANGEMENTS
En 1956, Di Sarli apprend la démission de la plupart de ces musiciens pour former l’orchestre « Los Señores del Tango » au style très similaire. Il doit alors repartir quasiment de zéro. Au chant, il fait appel à Argentino Ledesma et Rodolfo Galé, puis poursuit ses enregistrements pour la RCA Victor. La même année, ils sont remplacés par Jorge Durán (le retour) et Roberto Florio. Vous connaissez probablement Cantemos Corazón, Soñemos (1956), Destino de flor (1957), Adiós Corazón (1958), sans oublier le célèbre instrumental Bahía Blanca (1957/58).
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1958 - LES DERNIERS ENREGISTREMENTS DE DI SARLI
1958, Di Sarli change de label et enregistre chez Philips ses derniers tangos. Au chant, Jorge Durán et Horacio Casares qui remplace Florio. En mauvaise santé, Carlos Di Sarli doit dissoudre son orchestre et se retirer. Nous sommes en 1959 ; il décède quelques mois plus tard.
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ANALYSE DU STYLE DE CARLOS DI SARLI
Un style qui renferme ses mystères... L’homme aux lunettes noires est probablement le plus mystérieux des chefs d’orchestres. Derrière l’apparente simplicité de ses arrangements se cache l’ajustement parfait des instruments, et c’est probablement ce qui lui permet d’obtenir cette sonorité unique, ou devrais-je dire magique. Ecoutons plus attentivement…
L’essentiel réside dans l’ensemble orchestral plus que dans les individualités, il vous sera donc difficile de trouver des solos. La structure générale des enregistrements est constituée de phrases rythmiques puis mélodiques qui alternent régulièrement. Au premier plan les violons portent la mélodie avec lyrisme, comme des vagues successives. Au second plan les bandonéons soutiennent la même phrase, parfois en jouant à peine pour que le dosage sonore soit parfait. Le reste du temps, ils marquent les accents dans les parties rythmiques.
Di Sarli au piano assure les transitions et relance l’ensemble de l’orchestre dans la prochaine phrase musicale qu’il ponctue de ses célèbres « cloches ». Cet ornement délicat propre à Di Sarli est exécuté au piano en partant des graves vers les aigus. Vous pouvez le distinguer 3 mesures avant la fin de La Cumparsita de 1955 par exemple. Sa main gauche incomparable (les graves) marque le « compás » avec la contrebasse et fait résonner l’orchestre de toute sa profondeur. Voici quelques grandes caractéristiques d’un style dont le véritable secret se trouve dans l’émotion et qui invite à “abrazar y caminar”.
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ASTUCES POUR RECONNAITRE DI SARLI EN MILONGA
Pour reconnaître Carlos Di Sarli en milonga, il suffit de repérer…
- Les cloches de Di Sarli au piano, souvent en fin de phrase ou dans les transitions.
- Son style lyrique et sentimental avec les violons au premier plan.
- Son rythme lent, avec 2 accents forts par mesure.
- Le mélange ensorcelé bandonéons-violons jouant la mélodie ensemble.
- L’absence de solos en général.
- Son final: 1er accord avec tout l’orchestre, le second plus faible et brillant au piano.
Sinon, quand ça t’évoque tes premiers cours débutant…
Gregory Diaz
CARLOS DI SARLI (El Choclo)
CARLOS DI SARLI (Bahia Blanca)
CARLOS DI SARLI (Don Juan)
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Miguel Caló
Miguel Caló est né à Buenos Aires en 1907. Ses parents, très peu fortunés, avaient quitté la région des Pouillesen Italie pour aller vivre en Argentine ( voir note 1 ). Très tôt, il a été attiré par la musique à tel point qu’il a acheté à 13 ans un vieux violon avec son maigre argent de poche avant qu’un de ses oncles lui achète un bandonéon. Il délaisse alors le violon un an après pour s’intéresser avec passion à l’instrument emblématique du tango et il suit une formation musicale complète, théorique et pratique.
Très timide, il joue pourtant en public après les encouragements d’un musicien de son quartier. Mais financièrement la situation de sa famille est très difficile car ses parents ont 16 enfants (il a 10 soeurs et 5 frères ) ce qui le contraint à quitter l’école pour travailler et ainsi pouvoir les aider.
À 18 ans, il travaille dans les salles de cinéma comme l’Independencia qui projettent des films muets comme l’ont fait la plupart des musiciens de l’époque comme Biagi, D’Arienzo en guise d’exemples. C’est d’ailleurs dans une salle de cinéma qu’il passe une audition avec un de ses amis pianiste et qu’il obtient un contrat d’un an et demi doté d’un salaire très important qu’il donne immédiatement à son père. Le directeur de l’établissement avait été en effet impressionné par la qualité de son jeu.
En 1926 il fait partie de divers orchestres et non des moindres. Ainsi, il joua en tant que bandonéoniste dans l’orchestre de Fresedo ce qui marque le vrai début de sa carrière. L’année suivante, il intègre la formation musicale de Francisco Pracánico et la dirige même parfois. Cet orchestre accompagnait Azucena Maizani.
En 1929, il décide de créer son propre orchestre qui durera très peu de temps car il préfère accepter la proposition de Cátullo Castillo de le suivre dans sa tournée en Espagne à laquelle participent de grands noms comme Roberto Maida ( qui a beaucoup chanté avec Canaro ) et les frères Malerba. À son retour en Argentine, il crée de nouveau un orchestre mais qui dure peu de temps car il préfère partir avec Fresedo aux États-Unis pour une grande tournée, en 1931.
Il commence à composer et même s’il n’a pas été un compositeur prolifique, il n’en demeure pas moins que ses oeuvres ( souvent composées avec Osmar Maderna ) sont de grande qualité comme Jamás retornarás, Dos Fracasos, Que falta que me hacés, Que te importa que te llore, etc. Il commence à enregistrer dès 1932 avec Milonga Porteña chantée par Román Prince.
L’année 1934 est fondamentale car elle marque la création de son orchestre véritable qui cette fois-ci perdurera pendant de longues années pour le plus grand bonheur des danseurs des parquets du monde entier. Il s’entoure de musiciens et de chanteurs très talentueux comme Miguel Nijensohn, Alberto Morel et Carlos Dante qui chantera beaucoup avec Alfredo De Angelis.
En 1939, il fonde un orchestre qui marque la seconde étape de sa carrière, celle de la maturité, dans lequel joueront d’excellents musiciens qui plus tard créeront leur propre orchestre tel que Federico, Francini, Pontier, Maderna, etc. La qualité de cette formation musicale était si élevée que cet orchestre a été appelé Miguel Caló y su Orquesta de Las Estrellas ( l’orchestre des stars ).
Il fait aussi appel à de grandes voix comme celles de Raúl Iriarte, Alberto Podestá et surtout Raúl Berón (qui chantait du folklore à l’origine ), ce dernier ayant été présenté à Caló par Pontier. Les débuts de Berón avec Caló n’ont pourtant pas été simples lors de leur passage à la radio. En effet, la direction de la station radiophonique, mécontente de la qualité de la voix de Berón a demandé à Caló de ne plus collaborer avec lui, l’obligeant à son corps défendant, à se séparer de son chanteur qu’il appréciait tout particulièrement. Mais il se trouve que par un curieux concours de circonstances, Caló et Berón avait déjà enregistré un disque qui est sorti très peu de temps après l’arrêt de leur collaboration à la radio. Ce disque contenait le tango Al Compás del Corazón qui a obtenu un succès fulgurant auprès des danseurs et qui a atteint des sommets dans les ventes. La direction de la radio a alors reconnu son erreur et a finalement félicité Caló pour le choix de son chanteur qui fera une immense carrière par la suite ( voir note 2 ).
En 1944, Osmar Maderna remplace Miguel Nijensohn au piano alors que plusieurs musiciens quittent son orchestre pour voler de leurs propres ailes ( voir note 3 ). La nouvelle formation, certes de qualité, n’atteindra pas l’excellence de la précédente. Durant toute cette période, Caló n’a pas hésité à jouer pour la première fois de nouvelles compositions de ses propres musiciens comme Al Compás del Corazón ( de Federico ), Pedacito de cielo ( de Francini ), pour ne citer que ces deux exemples.
En 1961, il recrée un orchestre comparable à celui de son heure de gloire avec les musiciens et chanteurs comme Federico, Pontier, Francini, Berón, Podestá qui participent à des émissions publiques à Radio El Mundo ainsi qu’ à l’étranger ( Brésil, Uruguay notamment ).
Il existe à cet égard une bande-son très rare à l’immense valeur historique de la radio chilienne qui permet de se faire une idée précise de l’ambiance et du jeu de Caló en direct notamment dans une version d’El Choclo époustouflante ( voir note 4 ).
Il meurt en 1972.
Sa musique est toujours présente et appréciée dans les milongas du monde entier. De très grands danseurs la choisissent pour leurs démonstrations en public comme Geraldine Rojas et Javier Rodriguez :
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LE STYLE DE MIGUEL CALÓ
Le style de Miguel Caló se caractérise par deux traits principaux. En premier lieu, par la finesse de sa musique tant instrumentale que vocale dans laquelle le piano joue un rôle majeur. En second lieu, il a réussi la synthèse difficile à réaliser consistant à conserver la couleur des tangos traditionnels des années 1920 – 1930 en y incorporant les nouvelles conceptions qui sont apparues dans les années 1940 en matière d’orchestration sans toutefois les développer à outrance. Il se rapproche donc de Fresedo pour la couleur de la mélodie et de Di Sarli pour l’orchestration. Il apparaît dès lors comme un musicien qui s’inscrit dans l’équilibre entre deux écoles – l’école traditionnelle et l’école moderne ce qui explique la longévité de sa carrière qui a connu un succès constant alors que les orchestres qui n’avaient pas voulu ou pas su s’adapter à l’évolution du tango avaient soit disparu soit connu de moins en moins de succès face aux formations à l’incroyable développement comme celle de D’Arienzo, Biagi, Pugliese pour ne citer qu’elles.
La mélodie est toujours présente mais reste mesurée et sobre en ce sens qu’elle n’écrase pas les autres aspects comme le rythme ce qui rend la musique de Caló agréable à écouter mais toujours dansable.
De même le rythme bien marqué par les bandonéons est toujours présent mais sans être excessif ( sauf dans certains morceaux très spécifiques comme le candombe Azabache ) offrant ainsi une cadence régulière très appréciée des danseurs du monde entier.
Le rôle des violons qui sont très bien exposés est très important mais c’est surtout le piano qui joue un rôle fondamental dans l’architecture générale de sa musique en ce sens que le clavier a pour fonction de lier les phrases musicales. Cet élément est très important car il permet aux danseurs de bien identifier le discours musical et de partir au bon moment ( par exemple en repérant les mesures ou le piano joue seul et assure la liaison entre les phrases ). Cette caractéristique pianistique était étroitement liée à la « griffe » de Miguel Nijensohn qui dès 1934 a donné cette marque au style de Caló que poursuivra aussi le pianiste Osmar Maderna.
Ces qualités artistiques se retrouvent dans toute la partie vocale de son oeuvre avec les chanteurs Berón, Podestá, Dante et Iriarte, avec toutefois un tempérament : on trouve plus de lignes mélodiques avec Berón et plus de rythme chez Podestá ce qui s’explique par la nature de leurs voix. Par ailleurs, les tangos sont souvent précédés d’un long prélude orchestral comme le faisait Angel D’Agostino par exemple.
Ces morceaux permettent de se faire une idée précise sur les différents timbres de voix de ses chanteurs principaux : Berón dans Que Te Importa que Te Llore, Podestá dans Tu el Cielo Y Tu, Iriarte dans Flor de Lino, Dante dans Caballo de Calesita ( voir note 5 ).
NOTES
1) La région des Pouilles dont était originaire la famille Caló faisait partie de l’Empire Grec ( on l’appelait alors l’Apulie ). Caló vient du grec kalos qui signifie magnifique.
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2) Dans l’histoire du chant, il est arrivé qu’un chanteur ou une chanteuse soit la victime de la cécité des responsables de maisons de disques qui n’ont pas compris les réelles qualités de telle ou telle voix et le monde de l’opéra n’a pas été épargné.
Ainsi des chanteuses comme Magda Olivero, Leyla Gencer par exemple, adulées sur les scènes lyriques du monde entier pendant des années et des années n’ont pratiquement pas laissé d’enregistrements car elles étaient oubliées de l’industrie du disque. Heureusement, les disques « pirates » sont là pour témoigner de leur talent époustouflant. Cet aveuglement des maisons de disques est d’autant plus consternant que dans le même temps, il leur arrivait de faire enregistrer des chanteuses ou chanteurs n’ayant pratiquement aucun talent et qui ont fait une carrière d’une brièveté qui elle, était bien en adéquation avec la qualité de leur voix.
Dans son livre The King relatif à Pavarotti, Herbert Breslin montre bien les aberrations concernant l’engagement de tel ou tel artiste parfois lié à des données conjoncturelles, en fait commerciales dans un pays précis, bien loin des exigences artistiques.
Parfois, on a le phénomène inverse quand une personne très compétente ou visionnaire comprend ou devine un immense talent caché. Ainsi Rolf Liberman quand il était Directeur de l’Opéra de Hambourg et personne éminente du monde musical, a auditionné un très jeune ténor. Le jour de l’audition, ce chanteur a plutôt fait un examen de passage très moyen et a même raté quelques aigus. Tout directeur l’aurait gentiment remercié. Liberman, malgré cette prestation qui n’avait rien d’enthousiasmant, a immédiatement compris l’exceptionnel potentiel de ce chanteur et il l’a tout de suite engagé. Dès l’année suivante, ce ténor débutait au Met de New York, à la Scala, etc., et a été adulé sur les scènes lyriques du monde entier et c’est l’artiste qui a sans doute le plus enregistré. Son nom : Placido Domingo…
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3) Considérant que la vie est un éternel cycle, Caló encourageait même ses musiciens à le quitter pour créer leur orchestre.
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4) A cette époque, les concerts radiophoniques étaient très fréquents et dans de nombreux genres musicaux dont les variétés et l’opéra tant en Europe qu’aux Etats-Unis. Certaines radios avaient même leur propre orchestre.
En Italie, les célèbres concerts de la RAI avec Beniamino Gigli, Maria Callas, Renata Tebaldi, Mario Del Monaco, etc. étaient attendus avec impatience. Cela c’était il y a longtemps car la situation actuelle de grandes institutions italiennes en matière musicale est devenue très difficile en raison des coupes sombres opérées par le gouvernement italien de l’époque Berlusconi dans le Ministère de la Culture avec toutes les conséquences que cela implique. Cet état de fait a été vivement critiqué par le grand chef d’orchestre Riccardo Muti lors d’une représentation historique de Nabucco de Verdi à l’Opéra de Rome où le maestro invite la salle à reprendre le célèbre Va pensiero :
A Chicago en 1950, le célèbre ténor Italien Giuseppe Di Stefano a donné un concert extraordinaire retransmis à la radio dans lequel les mélomanes considèrent que le contre-ut final de son grand air n’a jamais été égalé en raison du diminuendo parfait avec aucune perte du timbre.
A la radio – télévision française il y avait aussi une formation musicale : l’orchestre national de l’O.R.T.F. Dans certaines retransmissions radiophoniques d’ouvrages lyriques, il arrivait que le présentateur décrive ce qui se déroulait dans l’action en pleine retransmission !
En ce qui concerne le tango argentin, il existe certaines bandes sonores exceptionnelles de musiciens célèbres.
Ainsi Carlos Di Sarli a donné sa meilleure version de A la Gran Muñeca en 1952 à Radio El Mundo.
Alfredo De Angelis a donné sa meilleure version de Soñar y Nadá Mas avec Carlos Dante et Julio Martel lors de l’émission El Glostora Tango Club à Radio El Mundo.
Anibal Troilo a donné de fabuleuses exécutions à cette même radio.
L’interprétation à la radio, malgré un son imparfait, est en règle générale bien supérieure aux enregistrements en studio car on retrouve la tension, l’urgence et l’émotion du direct. Il est dommage que des trésors qui existent incontestablement dans les archives ne soient pas exploités et diffusés. Ils auraient un succès phénoménal de nos jours même s’il est vrai que cela représenterait un important travail ( coupures à faire pour ne sélectionner que la musique ).
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5) Les chanteurs ayant collaboré avec Caló sont : Raúl Iriarte, Raúl Berón, Alberto Podestá, Carlos Dante, Roberto Arrieta, Lucho Gatica, Roberto Rufino, Raúl Ledesma, Jorge Ortiz, Héctor Gagliardi, Raúl Del Mar, Luis Tolosa, Juan Carlos Fabri, Alberto Morel, Ricardo Blanco, Román Prince, Carlos Barbé, Roberto Luque, Roberto Caló ( un de ses frères ), Héctor De Rosas, Luis Correa, Mario Cané, Miguel Martino, Carlos Almagro, Carlos Roldán, Alfredo Dalton, Roberto Mancini.
Les voix féminines sont très rares chez Caló : Aida Denis et Chola Luna pour quelques enregistrements seulement.
Gregory Diaz
MIGUEL CALO (Al Campas Del Corazon)
MIGUEL CALO (Que Falta Que Me Haces)
MIGUEL CALO (Que te Importa Que Te Liore)